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Gabon – Élections législatives et locales : pluralité de partis, unité de discours, un scrutin sans véritable choix

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Libreville, 24 août 2025 – La campagne pour les élections législatives et locales, prévue du 17 au 26 septembre, s’ouvre dans un climat paradoxal : une multiplication de partis et de candidatures, mais un discours unique. Le scrutin du 27 septembre devrait ainsi confronter les électeurs non pas à des projets divergents, mais à une répétition du même message. Du PDG à l’UDB, en passant par le CLR, l’UN le RPM, le SDG et même les indépendants, tous semblent chanter en chœur le même refrain : « faire la politique d’Oligui Nguema ».

Cette homogénéité du discours politique interpelle. Après l’élection de Brice-Clotaire Oligui Nguema à la magistrature suprême avec 94,85 % des voix, puis la création de son parti, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), une large partie de la classe politique a choisi de s’aligner sur son aura. Sur le terrain, les candidats ne se distinguent plus par des programmes propres ou des visions alternatives, mais uniquement par la promesse de mieux représenter « les valeurs bâtisseuses » du chef de l’État.

Le paradoxe d’une pluralité sans opposition

Dans une démocratie, la pluralité partisane est censée offrir aux électeurs un choix clair entre plusieurs orientations politiques. Or, au Gabon, ce pluralisme prend aujourd’hui l’allure d’un pluralisme de façade : de multiples partis existent, mais tous tiennent un discours identique. Résultat : les électeurs se retrouvent face à une élection où le vote ne porte plus sur un projet politique, mais sur des figures individuelles se disputant l’étiquette de « meilleur relais du président ».

Le silence de l’opposition et la stratégie de survie des partis

Ce phénomène s’explique par deux dynamiques. D’un côté, le prestige actuel du président Oligui Nguema, qui incarne une figure de rupture après la chute du régime Bongo. De l’autre, une opposition quasiment réduite au silence. Rares sont ceux qui osent se démarquer, à l’instar de Marlène Fabienne Essola Éfountame, du parti Ensemble pour le Gabon (EPG), qui résume la situation : « On est ensemble, chacun lutte pour sa place. »

Pour beaucoup de formations, la stratégie est claire : se positionner comme « alliés » du pouvoir afin de rester visibles et d’espérer conserver un espace dans le futur paysage politique. Comme le souligne Alexandre Barro Chambrier du RPM, il s’agit avant tout de « soutenir l’âme de bâtisseur du président » et son engagement en faveur d’une meilleure redistribution.

Vers un « non-choix » électoral

La conséquence immédiate est une campagne qui interroge la notion même de choix démocratique. Si tous les candidats partagent le même projet politique, celui du chef de l’État, quel sens prend le vote ? Pour les électeurs, la compétition ressemble davantage à une sélection interne au camp présidentiel qu’à une véritable confrontation politique.

Dès lors, la question qui s’impose est celle-ci : un scrutin où tous défendent la même ligne peut-il encore être considéré comme compétitif ? Le risque est grand de voir l’électorat se désintéresser d’une élection vidée de son essence, réduite à un plébiscite implicite.

En définitive, ce climat traduit une recomposition politique où le centre de gravité est désormais monopolisé par Oligui Nguema et son UDB. Mais à trop lisser le débat, le système pourrait générer l’effet inverse de celui recherché : renforcer à terme le sentiment que la pluralité politique au Gabon n’est qu’une illusion, et que le citoyen reste face à un non-choix démocratique.

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UOB: Bilie-By-Nzé plaide pour une extension sur le site de Plaine-Oréty

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Libreville, 20 août 2025 – Lors d’une conférence de presse tenue mardi au siège de son parti, Ensemble pour le Gabon (EPG), à Tahiti, sortie nord de Libreville, Alain-Claude Bilie-By-Nzé a dressé un réquisitoire sévère contre la gouvernance actuelle, pointant les « limites et contradictions » du pouvoir en place. L’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle du 12 avril 2025 a avancé quatre propositions majeures pour relever les défis politiques, sociaux et éducatifs du pays.

Parmi elles, la question de l’éducation occupe une place centrale. Pour compenser l’arrêt des bourses à l’étranger, Bilie-By-Nzé propose la création d’une extension de l’Université Omar Bongo (UOB) sur une partie du site des déguerpis de Plaine-Oréty, derrière l’Assemblée nationale et à proximité de Gabon Télévision.

« Pour compenser l’arrêt du financement des bourses à l’étranger, notamment dans les pays occidentaux, je propose et demande la construction d’une extension de l’Université Omar Bongo, sur le site actuel de Plaine-Oréty, derrière l’Assemblée nationale et à proximité de Gabon Télévisions, puisqu’il a été déclaré que ce projet est d’intérêt public. », a-t-il déclaré.

Selon lui, ce prolongement de l’UOB, réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé, permettrait aux étudiants gabonais d’accéder à des formations de qualité, assurées par des enseignants de haut niveau et alignées sur les standards internationaux, tout en restant sur le territoire national.

Les autres propositions du président d’EPG concernent le statut de Libreville et des villes cosmopolites, les minima sociaux (salaires, retraites, prime de rentrée scolaire) et le financement équitable des partis politiques. Mais c’est bien la réforme éducative qui apparaît comme le socle de son plan, dans un contexte où l’UOB, saturée et vieillissante, peine à répondre à la demande croissante des étudiants.

À travers ces quatre propositions, Bilie-By-Nzé entend offrir une alternative à la gouvernance actuelle et replacer l’éducation au cœur du projet national, convaincu que l’avenir du Gabon dépend d’une université moderne et accessible.

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Gabon : 65 ans d’indépendance célébrés sous le signe du renouveau

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Libreville, 18 août 2025 – Le Gabon a célébré ce 17 août, dans un faste inédit, le 65ᵉ anniversaire de son indépendance. Placée sous le thème « Forces de Défense et de Sécurité : de la Transition à la 5ᵉ République », la cérémonie a été marquée par une parade militaire spectaculaire sur le boulevard du Bord de mer, symbole d’unité et de renouveau républicain.

Comme il est de coutume, le défilé a démarré après l’exécution de l’hymne national « La Concorde », donnant le ton à cette journée de célébration. Devant une foule rassemblée en masse, les forces armées gabonaises ont offert un spectacle d’une discipline exemplaire. Le balai des élèves du Prytanée militaire, établissement secondaire gabonais dépendant de la présidence et formant la future élite militaire, a ouvert la parade, démontrant rigueur et synchronisation avec la formation AN 65 sur une figure. La parade s’est ensuite conclue par le passage impressionnant du défilé motorisé et, conformément à la tradition, par le chant de l’hymne national, le Président de la République et l’ensemble de la tribune officielle restant debout, de même que le public, symbole du patriotisme et du respect envers le drapeau gabonais. Cette mobilisation populaire a traduit l’adhésion à la Cinquième République et au projet de renouveau porté par le chef de l’État, le général Brice Clotaire Oligui Nguema.

Le défilé a également captivé par la diversité de son dispositif : ballet aérien de l’armée de l’air, manœuvres spectaculaires de la marine nationale et déploiement d’équipements blindés au sol. Ces démonstrations ont mis en lumière la cohésion et la détermination des forces de défense et de sécurité, réaffirmant leur rôle central dans la préservation de la souveraineté nationale.

Au-delà de l’aspect militaire, cette commémoration a rassemblé autorités, clergé et citoyens dans un moment de communion nationale. Elle a rappelé que l’indépendance, acquise le 17 août 1960, demeure un socle commun, porteur d’identité et de fierté collective.

Cette 65ᵉ célébration restera gravée comme l’une des plus marquantes de l’histoire contemporaine du Gabon. Entre fidélité au passé et ouverture vers l’avenir, elle incarne la volonté du pays de bâtir une Cinquième République porteuse de stabilité, de patriotisme et d’espérance.

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Oligui Nguema et Anges Kevin Nzigou : même combat contre la géopolitique

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Libreville, 17 août 2025 – À la veille des législatives et locales, le discours à la Nation du président Brice Clotaire Oligui Nguema a marqué un tournant. En annonçant que « la géopolitique sera remplacée par la compétence », le chef de l’État a tourné la page d’un mode de gouvernance fondé sur l’appartenance ethnique ou régionale. Une orientation majeure qui rejoint, presque mot pour mot, les prises de position récentes d’Anges Kevin Nzigou, candidat à la mairie de Libreville pour le compte de son parti, Front Démocratique et Social (FDS).

S’exprimant le 16 août, Oligui Nguema a voulu donner une orientation claire : « La géopolitique, comme mode de gouvernance auquel nous avons été habitués, n’a pas porté les fruits escomptés. Elle sera remplacée par la compétence », a-t-il martelé. Le président a également appelé à « œuvrer collectivement à la construction d’une démocratie gabonaise soucieuse de liberté, de pluralisme et de responsabilité », insistant sur le respect du choix souverain des citoyens.

Quelques jours plus tôt, le 9 août à Nzeng-Ayong, lors de sa déclaration de candidature, Anges Kevin Nzigou avait déjà dénoncé ce système. Dans un discours remarqué, il dénonçait une règle « non écrite » verrouillant l’alternance à la mairie de Libreville : « Une règle non écrite veut que le maire de Libreville soit de l’ethnie Myènè ou Fang et de façon alternée, sans que chaque électeur n’ait son mot à dire. Cette pratique est contraire aux valeurs républicaines. Cette logique ethnique est un poison pour notre démocratie. »

Dans le même discours, l’avocat et homme politique a souligné que la légitimité d’un élu doit reposer sur son projet et ses convictions :
« La légitimité d’un élu repose sur son projet, sur ses convictions et sur son intégrité. Moi, Ange-Kévin Nzigou, je ne suis ni Myènè, ni Fang. Je suis Gabonais, je suis Librevilleois, je suis citoyen de cette République, et je rejette la logique de la division. (…) Je ne vous demande pas de voter pour moi parce que j’appartiens à telle ou telle ethnie. Je vous demande de voter pour moi parce que j’ai un projet pour Libreville. »

Sa candidature, jugée « osée » voire comme un « pari fou » par certains acteurs politiques attachés aux pratiques du passé, repose sur un engagement fort : « Faire de Libreville un modèle de République véritable ».

Au sommet de l’État comme dans l’arène électorale, une même ligne semble se dessiner : tourner la page des quotas ethno-régionaux et replacer la compétence au centre du jeu démocratique. Mais au-delà de cette convergence de discours, une question demeure : les pratiques suivront-elles la volonté affichée ?

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