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“Vie de Haine”, 26 ans après : le cri brut de RAABOON qui a bousculé le rap gabonais

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Il y a 26 ans, un morceau inattendu allait bouleverser les fondations du rap gabonais. “Vie de Haine”, du groupe RAABOON, n’était pas destiné à devenir un hit. Il n’en avait ni la recette commerciale, ni la structure formatée. Pourtant, il s’est imposé comme un phénomène culturel, propulsant ses auteurs au sommet d’une scène encore en quête d’identité. En 2025, il résonne toujours comme l’un des premiers grands manifestes de l’afro-urbanité au Gabon, comme l’a rappelé Ba’ponga dans un entretien accordé à nos confrères de Gabon Media Time (GMT), sur lequel repose cet article.

À l’époque, le rap local était encore marginalisé, souvent cantonné aux marges du paysage musical. Mais RAABOON, composé de Ba’ponga, Tat’Kombil, Amour Clara et Bibalou, a refusé de se plier aux diktats. Sous la direction de leur manager et producteur DJ Zang, ils ont proposé une production brute, audacieuse, sans concession. “Vie de Haine” portait une voix sincère, un regard acéré sur la réalité urbaine gabonaise. Un message engagé, posé sur une musique dansante, que les institutions scolaires ont fini par analyser dans des thèses universitaires. À une époque où peu croyaient au pouvoir d’un rap enraciné dans le vécu local, RAABOON a prouvé le contraire.

Contre toute attente, le morceau a franchi les frontières des quartiers, des studios clandestins et des radios communautaires. Très vite, les clubs se sont mis à vibrer aux sons de “Vie de Haine”. Ce fut un tournant historique : jamais un morceau aussi cru, aussi enraciné dans le terreau gabonais, n’avait fait danser Libreville aux côtés de classiques internationaux comme “Hit Me Now” de Nas. C’est un rap gabonais pur et dur qui conquérait enfin la nuit.

Mais ce succès ne fut pas seulement musical. Il symbolisait un véritable changement de paradigme. RAABOON n’a pas changé pour plaire au public : c’est le public qui a changé de regard sur le rap. En refusant les standards dominants, le groupe a ouvert une nouvelle voie, celle d’un rap assumé, fier de ses racines, tourné vers l’avenir mais profondément ancré dans le réel.

Avec le recul, “Vie de Haine” apparaît comme l’un des actes fondateurs du mouvement afro-urbain au Gabon. Bien avant que l’Afrobeat ne conquière les charts africains et internationaux, RAABOON expérimentait déjà des fusions entre rythmes locaux, beats lourds et flows incisifs. Ce que beaucoup appellent aujourd’hui la modernité, RAABOON l’a incarné dès la fin des années 1990 avec une vision instinctive et presque prophétique. DJ Zang, par son sens de la production, et Tat’Kombil, par la profondeur de ses textes, ont façonné une œuvre qui dépassait la simple musique.

À travers “Vie de Haine” et d’autres titres dans le même esprit, RAABOON a marqué son époque. Leurs membres, notamment Ba’ponga, ont poursuivi cette vision en solo. Ce dernier a d’ailleurs porté haut les couleurs de cette identité musicale à travers des morceaux phares comme “Espoir” et “Yen Ko”, deux titres emblématiques de sa carrière solo, qui prolongent le même engagement et la même fusion afro-urbaine.

Aujourd’hui, alors que le rap africain brille sur les scènes internationales, “Vie de Haine” est reconnu non seulement comme un tube, mais comme un symbole. Il a inspiré toute une génération d’artistes gabonais à croire en leur voix, leur langue, leur réalité. Car ce morceau n’était pas qu’un son : c’était un message, une posture, une déclaration d’existence.

Vingt-six ans plus tard, on ne parle plus seulement de succès. On parle d’héritage.

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Noël au PK06 par Hoffman : solidarité et transmission de valeurs pour les enfants à l’occasion de la 10ᵉ édition

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Pendant longtemps, les enfants des quartiers populaires, notamment au PK06, une zone souvent associée à la précarité, ont vécu Noël sans en ressentir pleinement la magie. Il y a plus de quinze ans, cadeaux et moments de distraction restaient un luxe inaccessible. Depuis une dizaine d’années, cette réalité a changé grâce à l’engagement d’un leader jeunesse issu du quartier, dont l’influence dépasse largement le PK06 : Hoffman.

Ce vendredi 19 décembre, fidèle à une tradition désormais bien établie, Hoffman, entouré de plusieurs figures de la jeunesse locale, dont l’artiste Mareless, a une nouvelle fois endossé le rôle du Père Noël. Plus d’une centaine d’enfants ont ainsi reçu des cadeaux dans une ambiance marquée par la joie, le partage et la solidarité.

Avant la remise des présents, l’équipe organisatrice a proposé des activités d’éveil et de civisme. Jeux éducatifs, échanges et moments de sensibilisation ont permis d’inculquer aux enfants des valeurs citoyennes et patriotiques. « Il est important que les enfants comprennent très tôt ce que représentent la Nation et le vivre-ensemble », a souligné un encadreur. Les enfants ont notamment chanté l’hymne national, La Concorde, avec fierté et assurance.

La cérémonie s’est déroulée en présence de l’activiste et éveilleur de conscience David Mberakouma. Malgré l’absence de Bob Mengome, autre activiste engagé dont les interventions sur les réseaux sociaux éveillent régulièrement les consciences sur l’actualité nationale, l’événement a conservé toute sa portée éducative et symbolique.

Au moment de la remise des cadeaux, David Mberakouma s’est adressé directement aux enfants : « Les études sont essentielles. C’est par l’école que l’Homme se construit et participe au développement de son pays », a-t-il rappelé, insistant sur l’importance de croire en l’avenir. Un message renforcé par la présence de Marless, dont le talent artistique et le parcours académique constituent « une référence pour les jeunes du quartier ».

Bien qu’au centre de l’initiative, Hoffman a tenu à se mettre en retrait, soulignant le caractère collectif de l’action. « Ce que vous voyez aujourd’hui n’est pas l’œuvre d’un seul homme. Ce sont les jeunes leaders des PK, et même d’ailleurs, qui ont rendu cela possible », a-t-il déclaré, appelant à la poursuite de cet engagement solidaire.
Une philosophie résumée par les mots de David Mberakouma :
« Il y a de la noblesse dans la pauvreté. »

À travers cette initiative citoyenne, le PK06 a une nouvelle fois démontré que, malgré les difficultés, la solidarité et la transmission des valeurs peuvent redonner tout son sens à la fête de Noël.

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Santé : le CHR de N’tchengué renforce son plateau technique grâce au PIH-PID

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Le Centre hospitalier régional (CHR) de N’tchengué, à Port-Gentil, a officiellement mis en service, le lundi 8 décembre 2025, un nouveau pavillon d’imagerie médicale, marquant une avancée significative dans la modernisation des infrastructures sanitaires au Gabon. Fruit du partenariat entre l’État gabonais et TotalEnergies EP Gabon dans le cadre du Programme intégré pour la santé – Projets d’intérêt durable (PIH-PID), cette réalisation vise à améliorer durablement l’accès des populations à des soins spécialisés de qualité.

La cérémonie d’inauguration, organisée sur l’esplanade de l’hôpital, a réuni autorités administratives et locales, partenaires économiques ainsi que forces de défense et de sécurité. Ce projet s’inscrit dans les orientations du Plan national de croissance et de développement et répond aux engagements du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, en matière d’amélioration du système de santé.

Pour Louise Pierrette Mvono, ministre de la Planification et de la Prospective, assurant l’intérim des ministères du Pétrole et de la Santé, cette infrastructure traduit une volonté claire de renforcer l’offre publique de soins : « Il s’agit de permettre aux populations, souvent vulnérables, d’accéder à des soins de très haute qualité. Ce partenariat démontre que l’action publique et l’expertise privée peuvent converger au service de l’intérêt général. »

Le pavillon, bâti sur une superficie de 300 m², comprend une salle d’accueil, plusieurs salles d’examen, des bureaux médicaux et des locaux techniques. Il est doté d’équipements de pointe, notamment un scanner Siemens de 64 barrettes, adapté aux adultes comme aux enfants, un appareil d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), un groupe électrogène de 600 KVA avec carburant, ainsi que des aménagements de voirie. Trois années de travaux ont été nécessaires, de l’étude de faisabilité à la réalisation de l’ouvrage.

Selon Xavier Rouzeaud, Directeur Général de TotalEnergies EP Gabon, le projet illustre la solidité du partenariat public-privé : « Cette réalisation a permis de faire travailler des entreprises locales et confirme l’engagement durable de TotalEnergies en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations. Une coursive reliant le pavillon au bâtiment principal reste à finaliser. »

L’installation de l’IRM constitue un atout majeur pour le CHR, en facilitant le diagnostic de pathologies complexes telles que les cancers, les affections neurologiques et articulaires, ainsi que le suivi des AVC, migraines et troubles hormonaux.

S’exprimant lors de la cérémonie, le Dr Jonas Mboumba, Directeur Général du CHR de N’tchengué, a salué une avancée importante vers une médecine plus inclusive et technologiquement avancée, tout en rappelant les défis persistants :
« Nous avons aujourd’hui la chance de ressentir le parfum de l’inclusivité médicale chère au président de la République. Cela nous propulse vers ce qui se fait de plus avancé en matière de technologie médicale. Toutefois, tout n’est pas encore résolu. L’un des grands manquements reste l’absence d’un service de néonatologie, indispensable à la prise en charge des enfants prématurés. »

Dans cette dynamique de modernisation du système de santé, la mise en service effective et optimale de ces équipements de pointe, attendue par les populations de Port-Gentil et de l’Ogooué-Maritime, constituera-t-elle la prochaine étape décisive vers une amélioration durable de la qualité des soins ?

TG / Mihi…

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Report du concert de Ferré Gola au Palais des Sports : entre contraintes logistiques et interrogations du public

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Les concerts prévus les 25 et 27 décembre 2025 au Palais des Sports de Libreville, dans le cadre de MBOLO December, ont été officiellement reportés. Les organisateurs ont annoncé la décision par communiqué, précisant que ces deux dates concernaient l’artiste international Ferré Gola ainsi que l’artiste gospel Mike Kalambaye.

Ce report fait suite à une notification de l’Office National de Développement du Sport et de la Culture (ONDSC), gestionnaire du site, évoquant des contraintes logistiques ne permettant pas d’accueillir les concerts dans des conditions techniques, de sécurité et de confort conformes aux standards requis. Les organisateurs indiquent que cette décision est indépendante de leur volonté, rappelant que la sécurité et le confort du public restent leur priorité.

Malgré ces explications officielles, la décision continue de susciter des réactions au sein du public et des observateurs du milieu musical. Pour certains amateurs de musique congolaise, au-delà des contraintes techniques, se pose la question de la capacité réelle de mobilisation de Ferré Gola dans un espace aussi vaste que le Palais des Sports.

« Il y a un doute réel chez une partie du public. Ferré Gola est un grand artiste, mais remplir le Palais des Sports n’est pas évident. Ce lieu est surtout fréquenté par les jeunes, qui ne consomment pas forcément sa musique comme celle d’autres stars plus populaires auprès de cette tranche d’âge », confie un mélomane.

Avec une capacité estimée à près de 10 000 places en configuration concert populaire, le Palais des Sports est traditionnellement associé à des spectacles à forte mobilisation. Des artistes comme Fally Ipupa, qui s’y est produit l’an dernier à la même période avec un style jugé plus transversal, ou encore Singuila et L’Oiseau Rare, y ont enregistré un important engouement du public. Ce dernier doit d’ailleurs s’y produire pour la deuxième fois le 20 décembre, après un premier passage en 2024 porté par la Ntcham, tendance urbaine gabonaise très en vogue.

Toutefois, les organisateurs n’ont jamais remis en cause le choix artistique. L’événement est porté par le label Direct Prod, dont l’expérience dans l’organisation de grands événements culturels n’est plus à démontrer, au Gabon comme à l’international, laissant entrevoir une reprogrammation maîtrisée.

Les concerts seront reprogrammés à une date ultérieure, qui sera communiquée dès que possible. Les détenteurs de billets sont invités à contacter le 077 98 20 20 pour toute information relative au remboursement ou au report.

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