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“Démolution Man 2” : Keurtyce-E règle ses comptes avec Bilie-By-Nze
La scène politique gabonaise continue de vibrer au rythme des débats enflammés, notamment depuis la transition amorcée après la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba en 2023. Alors que de nombreuses figures de l’ancien régime ont choisi de s’adapter au nouveau contexte politique, une voix discordante persiste : celle d’Alain-Claude Bilie-By-Nze. Opposant déclaré au régime de transition, il a récemment rejeté la nouvelle Constitution adoptée par référendum, un événement marqué par une participation relativement faible.
Face à ce climat tendu, Keurtyce-E, un rappeur engagé connu pour ses positions tranchées, a lancé un pavé dans la mare avec son titre percutant “Demolution Man 2”. Dans ce morceau, l’artiste s’attaque frontalement à Bilie-By-Nze, qu’il accuse d’incarner l’opportunisme politique.
“Girouette” et “perroquet” : des mots qui frappent
Keurtyce-E n’y va pas de main morte, qualifiant Bilie-By-Nze de “girouette” et de “perroquet”, en référence à son rôle de porte-parole du régime d’Ali Bongo, qu’il accuse d’avoir maintenu le pays sous une dictature prolongée. “Vous avez méprisé un pays qui vous a tout donné, nous étions vos otages”, lâche-t-il dans une punchline cinglante.
En s’attaquant également au livre de Bilie-By-Nze, Awu m’awu, qu’il qualifie ironiquement de “torchon”, le rappeur détourne son titre en affirmant : “Celui qui ment, on le surnomme Agnu m’awu.”
Un appel à tourner la page
Dans son titre, Keurtyce-E va plus loin, invitant Bilie-By-Nze à imiter Ali Bongo, qui s’est retiré de la vie politique, et à quitter définitivement la scène politique. Il souligne que “le retard du pays est dû à son incapacité”, tout en formulant un souhait glaçant : “Je vous souhaite la prison.”
Une critique politique tranchante
Alors que Brice-Clotaire Oligui Nguema, président de transition, peine à répondre aux critiques de Bilie-By-Nze, cette sortie musicale s’inscrit dans une tradition gabonaise où la musique est un puissant outil de contestation. Keurtyce-E donne ainsi une voix aux frustrations de nombreux Gabonais face à une élite politique accusée d’avoir trahi les aspirations du peuple.
Ce clash musical, au-delà de ses aspects artistiques, reflète l’intensité des débats qui traversent le pays en cette période charnière. Reste à savoir si ces critiques auront un écho dans l’arène politique ou si elles resteront de simples notes dans l’histoire tumultueuse du Gabon.

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Jey Rspctme & JOY : “Molo-Molo”, le hit dancehall du projet Festival Music Collaboration

Dans le cadre du projet Festival Music Collaboration, lancé par le label Direct Prod le 12 juin dernier, plusieurs titres ont vu le jour dans une ambiance résolument groove et métissée. Parmi eux, “Molo Molo”, fruit de la rencontre entre Jey Rspctme (Gabon) et JOY (Cameroun), s’impose comme l’un des morceaux les plus prometteurs, avec un savoureux mélange de R&B sensuel et de dancehall chaloupé.
Dans ce duo parfaitement équilibré, chacun déploie son univers : Jey Rspctme, fidèle à son style, impose sa voix douce et soyeuse, tandis que JOY ajoute une touche envoûtante avec son timbre séducteur. La fusion opère à merveille, donnant naissance à un titre à la fois lent dans le tempo mais intense dans l’énergie.
“Molo Molo”, c’est une invitation à ralentir le rythme, à se reconnecter à l’essentiel dans les relations humaines : la douceur, le respect et l’écoute. Un message fort dans un monde qui va toujours plus vite.
Le clip, peut-être pas à la hauteur des attentes en matière de réalisation ou de créativité visuelle, nous transporte tout de même dans une ambiance urbaine et chaleureuse, symbole du métissage culturel que célèbre le Festival Music Collaboration à Libreville. Bien que le morceau ne soit pas encore massivement plébiscité, il pourrait très vite gagner les pistes de danse à l’approche de la saison estivale.
Un hit en devenir, à suivre de très près.
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Laurianne Ekondo & Josey : deux voix, un seul cœur dans Mutema

Initialement annoncé en 2023 dans le cadre du Festival Music Collaboration, Mutema faisait partie des morceaux attendus du projet panafricain porté par le label Direct Prod. Mais comme d’autres titres, il avait disparu des radars, laissant place aux rumeurs à Libreville : des désaccords avec certains mécènes auraient mis le projet en pause.
Ce jeudi 12 juin 2025, Mutema renaît enfin, porté par deux icônes féminines : Laurianne Ekondo, figure du patrimoine gabonais, et Josey, star ivoirienne. Le clip, réalisé par Adah Akenji, met en scène un dialogue artistique entre la Côte d’Ivoire et le Gabon, sur fond de rythmes tradi-modernes.
Laurianne Ekondo y fait briller le Tandima par sa voix puissante, les pas des danseurs et les ornements visuels évoquant la forêt gabonaise. Josey, quant à elle, impose son élégance à travers son flow, son accoutrement et des éléments culturels typiquement ivoiriens. Ensemble, elles unissent leurs identités pour célébrer la diversité et la richesse de l’héritage africain.
Mutema « cœur » en langues bantoues, incarne une Afrique multiple, féminine et unie. Derrière cette réussite, le label Direct Prod et son fondateur Edgar Yonkeu peuvent se réjouir d’avoir su réunir deux reines de la musique pour raviver un projet mis en veille.
Quand les voix de deux reines s’unissent, l’Afrique rayonne.
Une collaboration majeure qui fait honneur à la mission du Festival Music Collaboration : fédérer les cultures africaines par la musique.
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Ikoku + Élone = “Terminus” : AFRIK’AN LEGEND lance une vibe club enracinée

Le groupe gabonais AFRIK’AN LEGEND continue d’imposer sa signature musicale avec “Terminus”, un single qui mêle héritage culturel et modernité urbaine. Ce morceau est le fruit d’une fusion inédite entre l’Ikoku, rythme du sud-est gabonais, et l’Élone, tempo traditionnel du nord du pays, rarement exploité dans les productions actuelles.
Cette alliance donne naissance à une vibe singulière et percutante, pensée pour faire vibrer aussi bien les clubs que les esprits attachés à l’identité musicale gabonaise. Ce mélange des rythmes, baptisé Ikoku Vibe, devient ici un terrain d’expression affirmé pour le groupe.
« L’Élone est une perle oubliée. Le fusionner à l’Ikoku, c’est faire dialoguer deux mémoires culturelles », explique Mister Vibe, membre du groupe et co-producteur du titre.
Musicalement, “Terminus” s’appuie sur une production afro-urbaine moderne, avec des éléments électroniques, des percussions locales, et un groove calibré pour les dancefloors. Le morceau est co-produit par Mister Vibe et Matt Estrass Beat, et mixé par By Village, ingénieur du son basé en Europe.
Déjà plébiscité sur TikTok et dans les clubs, ce titre illustre la volonté du groupe de réconcilier tradition et innovation, en imposant une vision contemporaine de la musique gabonaise. À travers “Terminus”, AFRIK’AN LEGEND ne se contente pas de représenter une culture : il la réinvente, et l’exporte.
Leur premier album est attendu avec impatience : s’il prolonge cette dynamique, il pourrait bien redessiner la carte sonore du Gabon.